Il y a neuf ans, cela faisait quelques mois que j'avais débarqué en région parisienne. D'ailleurs, le fait que ce soit en banlieue faisait alors partie des inconvénients. La partie positive, c'était que j'entrais dans la difficile vie étudiante.
En bon provincial, aller habiter à Cergy Pontoise, c'était comme s'installer dans le Bronx, sauf que les habitants de là bas parlent la même langue[1]. Le film la haine était encore récent, à l'époque.
Pour être honnête, j'y ai rapidement trouvé mes marques. Les écoles et la ville elle même offrent beaucoup de moyens pour distraire leurs étudiants. Ha oui, parce que officiellement, j'y ai appris l'électronique[2], mais en vrai j'ai fait pleins d'autres trucs.
Il y a un grand type, cher à mon coeur, qui m'a appris 2 choses indispensables : le mono cycle et cracher le feu. C'est à lui qu'on doit d'avoir régulièrement vu un hurluberlu en mono cycle prendre RER, métro et TGV pour s'en retourner vers sa Bretagne natale... En échange, aussi incroyable que ça puisse paraitre, je lui ai appris à faire de la bicyclette sur mon Shwinn à rétropédalage. Haa, il plaisait a beaucoup de monde, ce vélo bleu, il m'a valu beaucoup de conversations avec les jeunes du quartiers, intrigués par l'absence de poignée de frein. Il plaisait tellement que j'ai fini par me le faire tirer, mais j'avais été un peu optimiste, sur ce coup là...
Du coup, en temps que cracheur de feu, jongleur et autres clowneries, notre troupe de joyeux drilles participait au carnaval de la ville dont le clou du spectacle était de faire cramer des autobus l'affreux bonhomme hiver. Quand j'y repense, c'était du grand n'importe quoi :
- Héé!! Arrête de me taper sur la tête!
- Nan, mais c'est parce que tu mis le feu à tes cheveux avec ta torche...
- Ha bon, alors continue de taper...
J'ai eu aussi l'occasion d'entamer une carrière de rock star. Avec des copains, à la base pour faire du blues-jazz (avec bibi au saxo), on a fini par dériver pour se produire dans les soirées de l'école et massacrer en pagaille plein de titres. U2, les Cranberries, Renaud, Nino Ferrer, FFF, les blues brothers, Alanis Morissette... Pas mal d'artistes ont eu le droit au désastre de voir leurs titres "interprétés" par notre groupe (avec bibi au chant, au saxo et aux choeurs, ... Mon dieu...). On en a même fait un CD dans un studio improvisé. L'écoute de certains titres m'est encore pénible, heureusement que la diffusion de cet unique album est restée plutôt confidentielle.
Tout à la fin de notre "carrière", avant que, comme tout les grands, notre groupe ne "splitte" pour la bonne raison que la vie étudiante finit par déboucher sur la vie active, nous avons donné un dernier "concert". J'ai été médusé, à cette occasion, de rencontrer un groupe de filles, de véritables grouppies qui savaient des tas de trucs sur nous (en plus de nos prénoms). Toutes les "dates" que nous avions faites, les titres que nous avions joués... De vraies fans... Et on n'a découvert ça qu'à la fin, au moment de raccrocher. Un vrai statut de star dont on n'a même pas pu profiter.
Enfin bon, de toute façon, nous étions tous accompagnés et personnellement, j'étais déjà avec Kaori qui n'a pas craqué sur moi pour mes compétences vocales, je crois...