Aujourd'hui, tu as trois ans, petit Crapaud, mon petit bébé. Pas petit bébé, petit gaton, me répondrais-tu si je disais ça en vrai. Pas complètement faux, mais bon, je crois que tant que tu tiendras encore un peu dans mes bras pour des go kayins voire un petit kayin ET un go kayin, tu seras un peu mon petit bébé.
Hèè, mon papa ! HÈÈÈ, mon papaaaaaaa ! T'as yu, t'as yu ?
Oui, j'ai vu. Ou pas, d'ailleurs, mais c'est parce que c'est la quinzième fois en dix minutes que je devrais voir un truc que tu me montres, alors je me lasse. Enfin, non, je ne me lasse pas de t'entendre m'appeler. On ne sait plus très bien quand tu a pris cette idée de m'appeler mon papa ou lieu de simplement papa. En tout cas, j'adore. Du coup ton frangin commence à faire pareil. Presque : pon papa. Comme quand tu acquiesces de ton ha oui. C'est marrant comme on entend bien toute les voyelles, dans ton oui. Ça pourrait servir pour la version audio du dictionnaire, tellement tu le dis de manière appliquée.
Ça commence déjà à disparaitre, mais c'est craquant, aussi, ta façon de prononcer toutes les consonnes comme des t. Ou des p. La tatu you, les tapons, les papons... C'est pas toujours bien clair. Le teu d'atiti qui éclate au dessus du chateau disney au début du déyédé. Il y a aussi les phrases plus compliquées mais que j'entends trèèèèès souvent : mon papa yayé mayo tarte Wii ayé Toopa éya moto ! ou Mon papa pas yayé au tayail ni au voyè. Et puis il y a de la conviction dans tout ça. Surtout quand ta construction de cube s'effondre (toute seule ou "grâce" à ton frère) et que l'exclamation fuse : Ho nooooon ! Tétoutatéééééé.
Et puis je suis fier de choses que je n'aurais jamais soupçonnées. Quand tu as dit le mot bouche pour la première fois la semaine dernière par exemple, j'étais subjugué par l'application à prononcer le son "ch", que tu fais un peu comme le "ich" en allemand. Maman ne le sait pas, mais du coup tu dit presque presque aussi bien bébé Pich quand on cartonne sa poussette à coup de totu you...
En tout cas, mon petit bébé garçon, j'espère que tu garderas encore un moment ta naïveté, ta tendresse, ta touchante absence d'initiative en matière de bêtises. Et puis tu peux continuer à sauter sur moi les matins de weekend hèèèè mon papa, éyeille ! Eyeille mon papaaaaa !! Ou les yeux mon papa ! Si tu peux juste retarder de trente minutes, ce sera parfait.
Bon anniversaire mon Crapaud.