déc.09
S'énerver pour certaines choses
dans la catégorie Colère
Aujourd'hui, je voulais causer d'un truc qui me rend dingue. Mais ça prend trop de place, c'est long, sans doute saoulant. Alors les courageux liront la suite, les autres attendront demain un autre jour pour lire un truc moins prise de tête.
C'est un sujet que je voulais aborder depuis un moment, mais il m'a fallu du temps pour l'exprimer clairement. Et encore. Je ne suis pas sûr d'y être vraiment parvenu. Je vais vous expliquer pourquoi.
J'ai lu une chronique sur un forum dédié à la pratique de la moto dénonçant les emmerdeurs de la route. Extraits :
C'est bien le genre de comportement qui a l'art de me mettre hors de moi. Et le code de la route n'a rien à voir là dedans. Ces gugusses, par leur attitude, bafouent un certain nombre de règles de base de la vie en société. Si tout le monde faisait comme eux, j'ose à peine imaginer le bordel... sur les routes. [...]
Et en même temps, y a suffisamment du Justiciers de la Route™ pour ne pas en rajouter. Après tout, ces types roulent comme ils le sentent. Pas la peine de tenter le diable pour une infraction finalement bénigne en cherchant à les rattraper. Et comme je suis taillé dans un demi coton-tige, à part lui jeter sauvagement des noms d'oiseau à la tête, je ne vois pas bien ce que je pourrais faire. Même en gueulant ma race, je vais me heurter à un mur de bonne grosse mauvaise foi à l'épreuve du nucléaire, à base de « yavait personne » et de « chfèsskeujveu ». Donc inutile de se mettre la rate au court-bouillon. Vivre et laisser mourir, finalement, ça le fait. Et on s'évite des ulcères."
Ce type a extrêmement bien exprimé ma pensée. Sauf pour la fin. J'ai beaucoup de mal à pas me la mettre au court bouillon, moi, la rate. Et encore, j'ai fait des progrès, c'est dire.
Il y a deux choses. La première est lié au fait que je ne suis pas sûr de bien expliquer clairement ce qu'il se passe. Pourquoi c'est quand je suis au volant que je supporte le moins les cons ? Parce que, je ne vous apprends rien, les cons ne sont pas que dans les voitures, hein ? On les voit partout, dans les transports en communs, dans la rue, au boulot, et j'en oublie. Pour être précis, pourquoi quand je suis au volant, les cons me mettent en rage alors qu'en temps normal ils m'agacent juste ?
je crois avoir certains éléments de réponse : D'abord, comme tout le monde je supporte pas qu'on me prenne pour une truffe et encore moins pour un mouton. En politiquement correct, ça donne : le manque de respect et l'incivilité m'insupportent fortement. Sauf qu'incivilité est un peu trop à la mode au JT et dans les ministères, passons...
Le truc, c'est que dans la rue, on est rarement face à des conflits graves avec les autres (d'ailleurs, c'est l'enfer). Si on me bouscule, je suis suffisamment jeune pour avoir de l'équilibre et ne pas craindre pour mon col du fémur et l'individualisme qui caractérise notre époque pousse les gens à éviter tout échange physique ou oral. En voiture, en revanche, ça peut être dangereux, ça peut avoir des conséquences. Dans sa voiture, on est loin de l'autre, on peut pas l'entendre s'il grogne, et puis il m'évitera, tous les autres le font, alors... Bref, en voiture, le mépris de l'autre apparait vraiment. Et je supporte pas ça. Je déteste qu'on me marche sur les pieds, JE NE SUIS PAS UN MOUTON !!!
Bon.
La deuxième chose réside dans le secret de la maitrise de soi. J'ai tenté plusieurs méthodes. D'abord, prendre sur soi. J'y arrive pas. Emmagasiner les contrariétés, c'est bien, mais ça veut dire le stocker, et quand le stock est plein, aïe ! Non, pour vraiment vaincre ce problème (c'en est réellement un pour moi) il faut d'abord bien prendre conscience que l'on ne pourra jamais refaire l'éducation de la poignée de crannords qui nous minent l'existence. Il faut donc digérer cette victoire de la connerie sur le respect, ce qui n'est pas franchement évident. Une fois cette étape franchie, on est blasé. Non, pire, on est aigri. Résigné, désabusé. Je crois que ça rend encore plus con que ceux qui nous énervent...
J'ai testé aussi le je vaut mieux qu'eux. Bof, pas probant. D'abord il faut en être convaincu, donc avoir un peu confiance en soi, et puis on en revient au fait que je vaux peut être mieux qu'eux, mais c'est quand même à moi de faire en sorte qu'il n'arrive rien aux chauffards qui me prennent en otage et de fermer mon clapet, donc ça me fait une belle jambe.
Il y a la technique du majeur, mais faut être une fille pour que ça passe, et encore... Le hurlement primaire, ça défoule, mais ça fait peur à vos passagers et ça vous discrédite complètement aux yeux (verts) de la jolie brunette qui attend le bus de 17h57.
On l'aura compris, je suis à la recherche de la zenitude au volant. En théorie, je suis à fond dans le "vivre et laisser mourir", mais en pratique ça se transforme plutôt en "C'est ça, va crever, charogne", ce qui est notablement moins chevaleresque. Le défi réside dans la capacité à mépriser ceux qui me méprisent. Ce qui me frustre, c'est que je n'ai aucun impact sur eux, alors que eux, oui. L'étape ultime est sans doute dans l'intégration de ces gêneurs dans les obstacles qu'on rencontre sur la route (nid de poule, rond point à la con, ) comme les motards évitent plaques d'égout et passages piétons, ainsi que l'explique le fameux gazier de la chronique que j'ai évoquée au début. J'ai du boulot.
Pour nuancer, quand même, il faut pas se leurrer, on est tous le con de quelqu'un et il est des soirs où, énervé par la colère, je conduis certainement aussi mal que ceux que je pointe du doigt - On remarque au passage comme dès qu'on parle de soi on se trouve des excuses (je suis énervé)ou même on émet des doutes (certainement, mais bon, p'têt pas quand même), c'est à dire la mauvaise foi qui pointe son nez.
J'ai donc aussi à balayer devant ma porte. Et sans doute à devenir raisonnable : je ne suis pas dans un monde parfait, je dois attacher de l'importance à ce qui vaut le coup...
Je serais pas en train de vieillir, là ?