En évoquant mon passé étudiant l'autre jour, il m'est revenu une anecdote rigolote. Je n'avais pas encore de téléphone portable à l'époque et les cabines téléphoniques servaient encore fréquemment. j'avais donc un budget carte téléphonique pour téléphoner chez moi et à la copine d'à ce moment là.

Un jour, j'ai voulu utiliser une sorte de publiphone et j'ai eu la surprise de constater qu'il fonctionnait sans carte. Gratuit. Ce téléphone était dans un hall pas très fréquenté, au sous sol d'une des nombreuses écoles d'un campus de Cergy. Du coup, la belle aubaine, je pouvais régulièrement téléphoner sans compter, moyennant une petite promenade, parceque ce n'était pas juste à coté de chez moi. Comme en plus c'était dans un bâtiment, c'était bien au chaud, à l'abri des courant d'air des cabines classiques.

Un soir, je me suis cassé le nez, après huit heures, le bâtiment était fermé. Damned.
Comme je l'ai dit, le lieu était très peu fréquenté donc non éclairé, ce qui contribuait à rendre l'ambiance légèrement tendue. Un peu comme si je rentrais en loucedé chez les voisins pour téléphoner de chez eux. Ma crainte, c'était de me faire toper par un veilleur qui me présenterait la liste et la facture de tous mes appels.
Quelques jours plus tard, j'ai laissé passer l'heure, pendu au bout du fil, je me suis retrouvé enfermé. Porte fermée, gros coup de flippe, je m'imaginais déjà contraint de passer la nuit dans une école qui n'était pas la mienne, et à guetter d'éventuelles rondes pour ne pas me faire prendre. Ensuite, je me suis dit que s'il y avait des détecteurs de présence, j'étais cuit. Et puis j'ai réfléchi, je suis redescendu au sous sol en pensant aux issues équipées de barres anti panique. Au pire, si ça sonnait, j'étais dehors, de toute façon.

Ca n'a pas sonné.

A partir de là, j'ai passé nombre de soirées à bigophoner à l'oeil, dans l'obscurité de ce hall que je quittais parfois fort tard par les issues de secours...

Je suis plutôt fort à garder les secrets. Et dans ce cas là, j'avais dans l'idée que pour que le bon plan dure, il fallait être discret et ne pas trop abuser.
Mais tout de même, je l'ai partagé avec un ou deux copains de l'époque, eux aussi étudiants loins de chez eux et sans trop de moyens...
Au bout de quelques mois, il a commencé à y avoir des habitués, à se servir de ce téléphone magique. Parfois j'ai dû attendre. Mais comme je ne craignais plus de me faire enfermer, je patientais. D'autant que le hall m'était devenu familier et qu'il était équipé de confortables fauteuils... Le secret était partagé par un cercle grandissant parce qu'on se passait le mot, j'imagine, mais aussi parce que certains trouvait la combine par hasard, comme je l'avais moi même fait.
Jusqu'au jour où l'appareil a été démonté. Il ne restait plus que les fils. Alors j'ai recommencé à acheter des cartes téléphoniques.

Pour la petite histoire, et aussi pour illustrer le fait que je n'ai pas vraiment l'âme d'un filou, un des copains à qui j'avais fait part du bon plan était vraiment plus filou que moi. Il avait profité du système pour téléphoner aux quatre coins de la planète, parfois juste pour voir si ça passait. Quand le téléphone a été démonté, il est revenu avec son propre combiné pour le brancher sur les fils qui restaient. Jusqu'à ce que les fils disparaissent à leur tour... "Même les numéros surtaxés, ça marche !!" qu'il m'avait dit, une fois... Je ne veux même pas savoir qui il a appelé pour le savoir...