Sauf qu'en fait, la fin de l'autoroute est proche de Tanger mais tout est relatif. Nous y sommes bien à 6h00 comme je l'avais estimé mais sur une borne je lis : Tanger - 45. Je suis désespéré. On est sûr de rater le bateau. En plus le chauffeur, fatigué, se traine encore plus. On a beau lui demander d'aller plus vite, il ne comprend rien.
Au bout d'une heure, on arrive enfin au port après avoir traversé Tanger. Il est 7h00, l'heure où notre bateau appareille. Kaori et moi sommes blasés. On a plus une thune et notre seule chance était de monter sur ce bateau. On décharge nos bagages du taxi tranquillement. Je préfère ne pas penser à comment on va s'en sortir. Kaori aperçoit un guichet CTM et va s'enquérir du prochain bateau qui part. Mais je me dis que ça ne fait que décaler le problème : Une fois en Espagne, on sera comme des c0ns à Algésiras sans car et au lieu de ne pas avoir de dirham, on n'aura pas d'euros. Encore faut il pouvoir monter sur un bateau...

Kaori revient en courant : Notre bateau n'est pas encore parti ! Il a une heure de retard ! Nous revoilà reboostés. Du coup, nous refilons nos derniers dirham à notre chauffeur pour le remercier du périple.
Au guichet CTM, nous racontons notre épopée, comment nous avons raté le car et comment nous sommes finalement venus. Nous reperdons le sourire. La personne veut nous faire repayer le bateau. Nous faisons valoir nos billets Eurolines. Après notre nuit de folie, on n'est pas vraiment à prendre avec des pincettes. De mauvaise grâce, elle nous remplit finalement des billet pour nous permettre d'embarquer. Elle essaiera tout de même de nous demander des photocopies de nos billets (à faire je ne sais où en ville) alors qu'elle à un photocopieur derrière elle, mais on ne se laisse pas faire.

C'est enfin l'heure, on embarque. Nous avons le temps de la traversée pour retrouver les voyageurs qui remontent à Nantes. Fébriles, nous cherchons les étiquettes Eurolines ou CTM sur les valises et les sacs des voyageurs. Rien. Gloups. Je m'abstiens de dire à Kaori que je n'ai vu aucun car embarqué dans le bateau. Nous commençons à douter que nous sommes sur le bon. Si ça se trouve, notre car est parti à l'heure prévue sur un autre bateau.
Arrivés à Algésiras, nous repérons un parking plein d'autocar. Je laisse Kaori avec nos sacs de voyage pour essayer de trouver un car qui remonte à Nantes.

Victoire ! J'apercois un Eurolines avec un panneau Nantes derrière le pare-brise. J'apostrophe le chauffeur mais il m'interrompt : "Oui, monsieur, nous allons bientôt afficher la liste des passagers". Misère, à tous les coups, on n'est pas dessus, puisque nous n'avons pas confirmé notre retour auprès de la CTM. Je retourne chercher Kaori, et nous fourbissons nos arguments. Après 15 heures de mésaventures, on ne va pas échouer sur le marchepied du car...

De retour auprès de l'autocar, nous apercevons la liste des passagers. La boule au creux de l'estomac à l'idée de devoir batailler pour monter, je scrute le papier.
Miracle : on est dessus. Les dieux ont capitulés, ils se résignent à nous laisser rentrer. A bord nous reconnaissons quelques têtes rencontrées à l'aller. Ils sont tout surpris : Mais d'où vous sortez ? vous n'étiez pas dans le car CTM !. On leur raconte notre odyssée, le sourire aux lèvres. Ils ont l'air surpris de nous voir heureux mais nous sommes tellement soulagés que cela se termine bien que nous ne pensons même plus à être en colère.
En fait la partie marocaine du voyage était assurée par la CTM, mais le car restait au Maroc, ce qui explique que je n'avais vu aucun car dans le bateau. La suite était assurée par Eurolines.

A ce moment, il nous reste encore près de vingt-quatre heures de voyage mais la traversée de l'Espagne et la remontée jusqu'à Nantes nous semble presque courte.
Pour la petite histoire, après réclamation auprès de la compagnie Eurolines pour leurs infos qui avaient failli nous faire rester au Maroc, celle ci nous a dédommagé et grosso modo, nous sommes rentrés dans nos frais. Une histoire qui finit bien mais la fois d'après, c'est en avion que nous sommes allés au Maroc...