janv.28
mercredi matin, 7h45.
dans la catégorie Blues
Triangle, un gilet jaune, camionnette en warning à gauche de la route, fourgonnette en warning à droite juste après l'intersection avec la route qui arrive de la droite. Dans les phares de la camionnette, une moto couchée. Il n'y a pas grand monde d'arrêté, l'accident vient d'avoir lieu. Il n'y a personne derrière moi, je ralentis et interpelle le type avec le gilet jaune pour lui demander s'il y a besoin d'aide. Il n'a pas l'air de savoir quoi répondre et dans la même seconde, je vois le motard debout un peu en retrait.
Les motifs sur son casque... Je regarde à nouveau la moto, puis le casque,pas de doute s'est R., un bon collègue. L'espace d'un instant, j'ai une drôle de sensation. Je décide de m'arrêter : il y a peu de gens, personne ne s'occupe de R. dont la démarche me laisse penser qu'il s'est blessé.
Je me gare à l'écart de la circulation, et m'enquiers de la situation de R. Son bras gauche est ballant, il a très mal. Il est conscient et semble bien se porter mais je crains que la douleur ne le fasse défaillir et bien que je m'y attende et que je me tienne près de lui au cas où, je ne me sens pas de le retenir, engoncés que nous sommes chacun dans notre combinaison de pluie. Il flotte à moitié, il ne veut pas s'assoir par terre. J'insiste et réclame au type de pouvoir l'assoir dans sa voiture. Ainsi, moins de risque s'il s'évanouit et il peut reposer son bras qu'il suppose cassé sur sa jambe et le maintenir immobile.
Ce que j'ai appris lors de ma formation PSC1 il n'y pas si longtemps revient. Il n'a pas mal ailleurs, pas de douleur à la tête, il n'a pas perdu conscience, pas de vertiges. Ca me soulage. Je commet une erreur en lui demandant s'il veut enlever son casque et avant d'avoir terminé ma question, j'espère qu'il répondra non, ce qu'il fait heureusement. De par son job, je crois qu'il a lui aussi quelques bases de secourisme, peut être plus que moi.
Je lui demande fréquemment s'il a froid, si des douleurs viennent dans la tête, le cou ou ailleurs. À sa demande j'inspecte son casque : il a frotté à l'arrière droit. Deux femmes dans une ambulance de passage prennent le relais le temps que j'aille relever la moto de R. avec un collègue du maçon qui lui a coupé la route. La moto est couchée à une dizaine de mètre après l'intersection, sur le côté droit, à cheval sur la ligne de rive et l'herbe du bas côté. Elle est plein phare, de l'essence s'est échappée du réservoir. Une fois remise debout, je cherche en vain le point mort pour la reculer. Tant pis, je débraye le temps de l'écarter de la circulation. Le rétro gauche est arraché , le droit replié et le carénage droit est cassé. Béquille, couper le contact et je redonne la clef à R ainsi que ses affaires.
Ce que raconte le maçon et R. concorde. Le maçon a refusé la priorité (ne l'a pas vu, ou trop tard) en tournant à gauche, coupant la route à R. qui venait de la gauche. Il m'explique qu'il a freiné mais n'a pu éviter le camion qu'il a percuté à l'arrière gauche avec le rétro ou le bras avant de partir en glissade à droite. Il a fini sa course dans le fossé dont il est sorti tout seul. Je note qu'il a des débris (feuilles mortes, boue...) sur l'épaule gauche.
Les pompiers arrivent assez rapidement, j'avais chargé le patron du maçon également sur les lieux de les prévenir. R. monte dans le VSAV aidé par les pompiers. 2 minutes plus tard, un plus gros camion équipé d'un mat avec un énorme phare prend place en amont de l'accident pour signaliser les lieux. Je demande si je sers encore à quelque chose, et comme la réponse est non, je m'en vais, au moment où la gendarmerie déboule.
La route m'a semblée bien chiante jusqu'au taf. Je croise les doigts pour une simple fracture du bras.