Revenons un peu sur la soirée de jeudi. Comme je l'avais dit ici même, je suis allé à la sortie roller, chose que je n'avais pas fait depuis... plusieurs mois (genre 6).
Tout s'est bien passé, jusqu'à un quart d'heure de la fin. Là dans une bien longue descente, j'étais environ à la vitesse de FPP (Full Patate Power) et mes patins ont décidé de prendre chacun leur liberté. Longue glissade à plat ventre sur 5 ou 6 mètres, en appui sur les protections (poignets & coudes). Une des lampes que je portais éclate sous le choc et se répand dans tous les sens, l'autre glisse sur une quinzaine de mètres. Comme on est en pleine descente, je ramasse les morceaux à ma portée et m'assois sur le bord de la route, histoire que tous ceux qui sont derrière ne se ramassent pas à leur tour.
Il faut bien se rendre à l'évidence : la protection du coude droit à légèrement tourné et sur l'os du coude, ça pisse le sang. Un staffeur de la rando s'arrête, coup de bol, il est interne. La blessure s'arrête rapidement de saigner, miracle de la coagulation. Petit pansement de secours par le sympathique interne après avoir fait un rapide examen. La blessure est profonde, il me conseille avec insistance d'aller aux urgences. Cool...
"Allô, chériiiiiiiie ??? Tu vas rire, je vais pas rentrer très tôt. Non, je me suis planté, pas très grave, mais passage aux urgences nécessaire...". Voilà Kaori qui attrape un tram pour me rejoindre à l'hosto, elle pourra ainsi conduire à ma place et me ramener.
Comme j'ai une blessure bien crade, je suis pris assez rapidement en charge en suture. L'externe est vraiment super, très douce et rassurante. Kaori fait une chute de tension en voyant le spectacle. "Allongez vous à côté, mademoiselle"...
Radio, apparemment pas de corps étranger. Voyons ce que veulent faire les internes. Grand moment, 2 camps se forment : Suture face à Pas Suture. Là, ça ressemble vraiment à la série Urgences. La première interne arrivée tient vraiment à faire au moins un point ou deux. Elle demande des avis à d'autres internes, chacun a son idée, évidemment différente. On attend donc le chirurgien.
Quand celui ci revient du bloc (30 minutes plus tard), il montre que la plaie est bien plus profonde qu'il n'y parait. Il commence donc à inspecter (trifouiller serait plus juste) sous la peau. Arrggg. Kaori a un deuxième coup de chaud. Elle décide de ne plus regarder et de tourner le dos à la scène.
Je signale sur un ton voulu badin que je ne serais pas contre une nouvelle dose de Xylocaïne sur la zone car je retrouve un "rien" de sensibilité. Un des internes semble goûter mon humour et souris largement. Sa collègue pulvérise l'anesthésiant mais le chirurgien n'attend pas vraiment. Hum
Le chirurgien préconise effectivement une couture. L'interne pavane un peu ("Ha ! tu vois !"). Mais avant, le chirurgien préconsie aussi un parage, c'est à dire un découpage des bords de la plaie pour avoir quelque chose de propre. A ce moment la jeune interne exulte ! Elle va pouvoir découper de la bidoche !! Le chirurgien tient cependant à être présent. Il ordonne une anesthésie plus sérieuse à l'externe. L'interne bougonne "Boah, j'en ai déjà fait des parages, grmlmlm...".
L'externe fait les injections très délicatement. Déjà le chirurgien revient et empoigne le scalpel. L'interne ne sera que spectatrice. D'ailleurs d'autres internes rappliquent pour le spectacle.
Le chirurgien fait donc sa leçon. Une minute avant que l'anesthésie fasse effet. Dans ce cas, on sent extrêmement bien la brulure de la bétadine. Rhôgntûdjjûûuu!!!!
"Alors on découpe comme ça... Vous voyez, ça saigne, évidemment. Donc, le saignement, la meilleure méthode de traitement, c'est de laisser faire. Comme disait mon formateur, de toutes façons, ça fini toujours par s'arrêter de saigner, d'une manière ou d'une autre."
Je commence à ne plus rien sentir, donc je déserre un peu les dents et lâche : "Oui, après 5 ou 6 litres, ça s'arrêtera de toute façon." Huhuhu. Ce que je suis drôle tout de même. Pendant ce temps l'interne ne cesse de poser des questions. On dirait vraiment une élève de John Carter. Absolument montrer sa motivation, ses connaissances... ("on va faire des points comme çi et comme ça, n'est ce pas ? On fera faire des pansements gras ? Ce sera cicatrise dans 15 jours ?...). Les joies du centre hospitalier UNIVERSITAIRE. Enfin bon, elle était pas trop chiante quand même.
C'est l'externe qui est chargée du pansement et j'apprécie de retrouver un peu de douceur dans ses gestes, après le chirurgien qui, lui, allait à l'efficace.
On remercie tout le monde et on se casse. J'ai fait quelques photos, Mais on ne voit rien, puisque tout est emballé.

Le détail fun, outre le sang sur le pantalon, c'est que la couture de la braguette a lâché. un peu de sang sur une des piles aussi. On remarquera également que les protège-poignets ont encaissé pour moi. J'ose pas imaginer ce que cela aurait donné sans.

