Hier soir, j'avouais, penaud, à un collègue que j'allais, comme tous ces moutons de français paniqués, faire le plein alors que je n'en ai pas spécialement besoin dans l'immédiat. Mais il m'a interrompu :
Je t'arrête tout de suite. Tu n'es pas un mouton, ton geste est un acte militant. En allant à la station service le plus tôt possible, tu accélères l'arrivée de la pénurie de carburant. En bloquant le pays plus rapidement, nous montrons au gouvernement notre opposition à sa politique en général et à son projet de réforme sur les retraite en particulier.

Cinq minutes plus tard, le type qui filtrait les entrées à la station m'a annoncé Il n'y a plus de gasoil, monsieur. Je n'ai pu m'empêcher de sourire franchement en le remerciant. Cette station là, c'est fait. ai-je pensé intérieurement. La station à la sortie de l'autoroute était pleine de monde. Et la petite à côté de la maison, pourtant hors de prix, également. Ce matin, les pompes à côté de l'autoroute affichent À sec. Je ne sais pas si c'est le bordel qu'"ils" veulent, mais j'ai bien l'impression qu'on y va.